Archives de catégorie : Soirées Témoignages

EFA 81 organise régulièrement des soirées témoignages où des adhérents retracent leur parcours durant leur adoption, ou leurs difficultés résultant de celle-ci.
Des spécialistes peuvent également donner leur enseignement sur des thèmes précis.

Groupes d’échanges

Vendredi 5 avril 20 h 45 UDAF 13 rue des Cordeliers 81000 ALBI Intervention de l’OAA Médecins du Monde Présentation de l’Organisme et de ses actions concernant l’adoption ( dossier, procédure, suivi…) La situation de l’adoption internationale Vendredi 24 mai 20 h 45 UDAF 13 rue des Cordeliers 81000 ALBI Les origines : Projection du DVD colloque sur les origines ( Paris janvier 2012) – Témoignages , Echanges Les groupes d’échanges sont animés par des membres du C.A d’EFA 81 formés à l’accueil des postulants, à l’écoute et à l’accompagnement des familles Une attestation de présence sera délivrée sur demande contact@efa81.org ou Bernard Audourenc Président efa81 L M M J de 20 h à 20 h 09 62 30 90 32

Adoption d’un enfant du Congo

Nous avons rencontré notre Lorenzo le 24 avril au soir après une douzaine d’heures de voyage et surtout d’attente, une attente interminable avec dans le coeur des sentiments mêlés de joie et  d’angoisse : va-t’il venir vers nous sans trop de crainte ? Saurons-nous trouver les mots et les gestes pour le rassurer …

Bref, nous savions que nous marchions enfin vers notre plus grand bonheur mais, ce premier moment, comment allait-il se passer ?

En fait tout s’est passé simplement et sereinement. Nous sommes arrivés tardivement à l’orphelinat, épuisés par l’émotion, la fatigue  du voyage et la moiteur du climat. Tout était calme dans l’orphelinat et lorsque nous sommes descendus du 4×4 de Soeur Lucie nous avons vu sortir de l’obscurité ( pas d’électricité ou très rarement au cours de notre séjour) 4 enfants qui, ce jour-là, rencontraient leurs parents, dont Lorenzo dans les bras d’une « maman » (nounou africaine). Ils étaient magnifiques et spécialement apprêtés pour l’occasion (je me souviens qu’il sentait « bon » le savon dans sa petite chemise bleue bien amidonnée!!!)

Lorenzo nous a souri timidement du haut de ses presque trois ans, et après un bref « voici ta maman et ton papa », la « maman » a déposé Lorenzo dans mes bras. Je ne saurais dire exactement les mots que j’ai prononcés à ce moment-là tellement l’émotion était grande.  Je crois que nous lui avons simplement dit bonjour, qui nous étions, qu’il était très beau, que nous l’aimions très fort et que nous étions très heureux de le rencontrer.

Un petit biscuit (sur les conseils de Soeur Lucie) a bien détendu l’atmosphère. Il a grignoté en savourant longuement le biscuit dans nos bras tout en jetant des coups d’oeils furtifs à ses nouveaux parents. Ce soir-là et le lendemain nous avons senti que Lorenzo avait déjà très envie de venir vers nous, mais gardait pas mal de distance quand même (distance physique et regards furtifs).

Les enfants sont repartis se coucher dans leur dortoir, nous aurions bien aimé prolonger cet instant mais il était déjà très tard et nous ne voulions pas abuser. Nous avons traversé la rue avec les autres parents pour regagner notre maison d’hôtes. Nous avons tous passé une mémorable nuit blanche à revivre les différents moments de notre rencontre, et à lutter contre la moiteur pour essayer de trouver un peu de repos.

Dès le lendemain matin les enfants aménageaient avec nous dans la maison d’hôtes sans pour autant être coupés de l’orphelinat car nous retournions y prendre tous les repas en compagnie des soeurs.

Retourner dans un lieu connu et retrouver les soeurs semblait rassurer les enfants au début. Quant à  nous, parents, nous gardons un émouvant souvenir de ces moments car les 2 religieuses ont pris sur leur précieux temps pour nous parler des enfants, de l’orphelinat (son fonctionnement et son histoire) et du Congo  qu’elles aiment passionnément.

Nous avons essayé de ne pas nous laisser submerger par l’émotion dans ces moments-là pour mémoriser le mieux possible toutes ces informations. Nous pourrons les restituer à Lorenzo quand il en éprouvera le besoin ainsi que toutes les images, odeurs, ambiances que nous avons gravées en nous au cours des différentes sorties réalisées en compagnie de Soeur Lucie.

Les enfants ont rapidement pris confiance en nous, et, dès le deuxième jour, Lorenzo venait déjà dans nos bras pour chercher des câlins, des chatouilles… la complicité s’installait  comme par magie.

On ne sait pas exactement comment les enfants sont préparés à notre rencontre, mais ce que l’on sait, c’est que cela est extrêmement bien fait.

Portrait-Lorenzo

Les six jours sont rapidement passés. Le moment du départ a été lui aussi très riche en émotions car nous étions partagés entre l’envie de rentrer dans notre petit chez nous pour commencer enfin notre vie à trois, retrouver notre famille et nos amis pour partager ce bonheur immense, et la tristesse de quitter les soeurs si attachantes et si proches des enfants, sans savoir quand nous les reverrons et si nous retournerons un jour là-bas.

Les enfants quant à eux sont partis confiants dans nos bras car après avoir vécu 6 jours ensemble, nous avons tous pris le même avion de retour. Soeur Angélique et Soeur Lucie pensent même à ce genre de détail pour le plus grand bien-être des enfants et des familles.

Nous passerons sur l’arrivée à l’aéroport de Toulouse Blagnac, l’accueil chaleureux, émouvant, tout en respect et douceur que nos familles et nos proches compagnons de l’attente nous ont réservé à tous les trois.

Nous vivons intensément tous les moments importants de sa vie, toutes ses premières fois (rentrée scolaire, première chute, première pizza, premier je t’adooore…) et tous ses progrès ( il y en a eu tant en si peu de temps).

Le Lorenzo des premiers jours scotché à papa et maman nous appelant sans cesse pour se rassurer face à tous ces changements déstabilisants a laissé place à un Lorenzo qui chante à longueur de journée, part jouer seul dans sa chambre, joue maintenant avec nos deux chats, leur lit des histoires mais ne hurle plus de terreur en les voyant, veut tout faire tout seul…

Il ne faut pas se méprendre, même si nous vivons un bonheur immense, tout n’a pas été facile au cours des 3 premiers mois : Lorenzo a refusé de sortir de la maison les 4 premiers jours ; le moindre changement dans ses habitudes le perturbait (départ en vacances…), heureusement cela s’est rapidement arrangé avec le temps. Nous nous sommes confrontés à une difficulté plus inattendue : certaines personnes attendaient de Lorenzo qu’il se comporte instantanément comme un enfant du même âge né en France;  peu importe nous lui avons donné le temps de s’adapter à sa nouvelle vie et nous ne le regrettons pas ! Le voir devenir de plus en plus autonome, détendu et sûr de lui au fil du temps nous prouve qu’il va bien et qu’il a effectivement pris ses marques.

Pascale-Lorenzo

L’adoption n’est pas un chemin facile, nous avons été très éprouvés par la période de l’attente, mais  Lorenzo est là et nous savourons pleinement les petits bonheurs tout simples de notre vie à  trois. En revanche elle nous a permis de faire des rencontres exceptionnelles, tout d’abord au sein d’EFA, puis de l’association Congo-Béthanie et enfin au Congo. Nous ne dirons jamais assez merci aux couples que nous avons rencontrés à EFA avec une pensée particulière pour les parents de Jordan et Gaël dont le témoignage nous a conduits vers le Congo et avec qui nous avons partagé les moments forts de l’attente et de la rencontre avec nos enfants. Merci aussi à ceux qui nous ont soutenus, enrichis de leurs expériences mais aussi à Soeur Angélique et Soeur Lucie, aux mamans et bénévoles qui ont pris soin de notre petit Lorenzo.

Nous terminons ce témoignage à quelques jours de Noël en pensant à celles et ceux qui, comme nous il y a deux ans, attendent aussi leur rencontre, qu’elle arrive le plus vite possible.

 

Pascale, Patrick  Farines, parents de Lorenzo né le 14 juillet 2006 à Brazzaville

NOS PROCHES et L’ADOPTION

 

EFA81  remercie tous les participants à la réunion sur sur le thème  « Nos proches et l’adoption »
SAMEDI 16 avril à 20 h 30 à l’UDAF 13 rue des Cordeliers ALBI

 

Nous étions un peu plus de 40 dans la grande salle de l’UDAF pour participer à une soirée organisée par EFA «  Nos proches et l’adoption »

Etaient présents des adhérents de longue date à EFA qui nous ont fait part de leurs vécus, de leurs expériences de leurs ressentis, des adhérents plus récents qui ont apporté aussi leurs témoignages, des postulants. La plupart étaient venus avec leurs parents, leurs frères et sœurs. Nous pensions qu’il y aurait beaucoup de questions d’interrogations, la soirée s’est plutôt déroulée sur la base d’échanges comment les uns et les autres vivaient les différents moments de l’adoption : l’annonce de la procédure, l’agrément, l’attente l’arrivée de l’enfant.

Essayer de résumer en quelques phrases cette soirée au contenu émotionnel intense est difficile, on est toujours subjectif, on retient ce qui nous touche.

Je retiendrai donc l’éclat de bonheur dans les yeux d’une grand-mère : «  Elle ( SA petite fille) était attendue comme le Bon Dieu. » , la joie et l’émotion d’une tatie de s’entendre appeler « tatie » le jour de l’arrivée de l’enfant. Je retiendrai aussi la variété des réactions et du degré d’implication de nos proches : de la mise en garde, à la réserve : refus d’en parler

( plus du côté masculin), à l’accompagnement jusqu’au soutien sans faille, voire peut-être un côté un peu trop intrusif. Il y a aussi pour les postulants et pour nos proches la difficulté d’en parler, de rentrer dans la vie privée dans le parcours des futurs parents : « On ne sait jamais ce qu’il faut dire si c’est le moment de le dire. ». Il y a la peur de l’ échec qui se rajoute. Il faut souligner aussi la douleur dans la même famille à voir les uns avec descendance biologique et les autres sans enfant ( Adoptants et postulants connaissent bien la souffrance qu’engendre Noël) . Nos parents se posent des questions se sentent coupables de ce manque, de ce vide : «  Pourquoi mon fils, ma fille ne peut-elle avoir d’enfants ? ». Il y a aussi les paroles maladroites de nos proches à gérer quand ceux-ci croient nous aider pour nous aussi il n’est pas évident d’annoncer l’intention d’adopter car cela implique d’être sous les feux de  questions qui peuvent être dérangeantes. Mais tous témoignent 1) à l’arrivée de l’enfant on oublie tout  2) du bonheur de l’accueil de l’enfant qui devient un enfant comme les autres dans la famille.

Le parcours de nos enfants est aussi varié : certains ont mal vécu leur différence de peau à l’école, d’autres pas du tout, certains ont souffert de leur origine ( d’avoir été abandonné) d’autres pas du tout, certains ont beaucoup parlé d’autres non . Nous avons évoqué le rôle des parents à protéger leur histoire car l’histoire des origines appartient à l’enfant et ne nous oblige nullement à répondre à des questions intrusives voire de curiosité.

La leçon de vie ne vient-elle pas de nos enfants :

–         le sourire d’un grand de 15 ans que l’on caresse et qui accepte la discussion avec sa maman.

–         « je peux inviter mes copines dans MA maison » ( en parlant de la maison de ses grands-parents)

–         « Dans notre précédente vie, on s’est rencontré(s) et on s’est adopté(s) »

–         «  Non je n’étais pas dans le ventre de maman »

[sous entendu: j’étais dans le ventre d’une autre dame (d’une maman de Colombie) mais c’est toi ma maman]

Nos enfants n’ont pas de préjugés, ils ont des histoires particulières dont il faut tenir compte.. C’est notre rôle de parent d’être toujours attentif.

«Etre parent c’est s’adapter à un enfant qu’on n’imaginait pas. »  ( Marcel Rufo)

Bernard Audourenc  EFA 81

Adoption d’une fratrie de 4 et 6 ans en Haïti

Adoption d’une fratrie de 4 et 6 ans
Pays : Haïti
Prénoms : Sophonie et Elysée
Arrivés le : 23/07/2008

 

« Nous sommes mariés, sans enfant biologique, notre belle histoire commence en Décembre 2005 date à laquelle nous déposons notre dossier en vue d’une adoption internationale pour une fratrie de coeur ou de sang. Au bout de onze mois de procédure, le 16 novembre 2006, l’agrément pour un ou deux enfants âgés de un à soixante douze mois nous est notifié.

Sésame en poche, nous nous empressons d’envoyer notre dossier accompagné d’une lettre de motivation à Médecins du Monde qui refuse, sans surprise, et sans explication notre candidature. Nous préparons un nouvel envoi pour une O.A.A, le courrier, bien que déjà timbré ne partira jamais. Notre coeur est ailleurs…

Depuis le début de notre démarche, une amie nous parle d’Haiti. Nous sommes un peu réticents à l’idée de partir là bas sans la rassurante logistique d’une O.A.A., mais l’idée d’être parents de petits haïtiens avait déjà fait son chemin.
Nous avons eu un premier contact téléphonique avec une crèche de Port au Prince, la Maison des Anges. Après un bref descriptif de notre histoire, la Directrice, est d’accord pour nous apparenter.

 

Le 29 Mai 2007, 21 heures, grande nouvelle, un message avec pièce jointe arrive sur notre ordinateur. Fébrilement, un “clic” sur le petit trombone et là… nos petits nous apparaissent.

Nous découvrons enfin le visage de nos enfants. Ils sont là, avec leurs beaux habits et ils nous semblent si inquiets, si vulnérables, si petits… Dieu qu’ils sont beaux !!!

A cet instant nous sommes parents, un mélange de joie et d’excitation s’empare de nous. Une vague d’amour nous inonde, ils sont bien là, tout à nous, ils nous attendent!!
Nous avons passé la fin de la soirée à envoyer des emails, nous sommes allés voir les futurs grands parents avec les photos toutes fraîches, un moment inoubliable. Les jours suivants une autre attente commence.

La procédure suit son cours, nous reprenons nos habitudes, nos activités. Nous sommes habités par les enfants, pas un jour sans penser à eux, pas un jour sans nous projeter dans cette future vie à quatre. Nous nous inscrivons sur un forum de discussion et d’entre aide animés par des parents adoptants à la Maison des Anges.

L’attente prend alors une nouvelle tournure. Nous pouvons par le biais des parents qui partent pour Haiti, faire passer des colis à Sophonie et Elysée. Aux retour les familles mettent en ligne des photos, des films , des infos sur nos petits. Le lien se renforce à chaque fois un peu plus.

Nous sommes déjà fin juin 2008, la procédure suit son cours. Nous sommes impatients mais sereins. Après de savants calculs, nous projetons notre départ en Octobre ou Novembre 2008. Nous avons le temps…, les vacances scolaires arrivent, nous préparons notre petit séjour à l’océan, nous continuons notre traintrain habituel accompagnés par la douce présence des petits.

Le 11 Juillet, “LE MESSAGE” arrive, l’Ambassade de France à Haiti nous donne le feu vert. Nous pouvons aller chercher nos enfants. A partir de cet instant, tout va très vite. Nous sommes excités, heureux, mais l’ampleur de la tâche avant le départ nous fait paniquer. Il nous faut réserver les billets d’avions, réserver une chambre chez la logeuse à Port au Prince, faire les valises et surtout …préparer la chambre des enfants !! Ce week-end du 14 juillet est consacré à l’achat des lits, des armoires, au montage des meubles, à l’achat du linge. Toute la famille est mobilisée, nous sommes enfin près.

 

Nous partons de PARIS ORLY le Vendredi 18 juillet, par le vol Air Caraîbes de 10h10 destination : Pointe à Pitre, puis … Port au Prince !!!

Dans quelques heures notre vie va basculer, nous partons à deux, nous allons rentrer à quatre.

Plus rien ne sera désormais comment avant. Les enfants vont-ils nous accepter ? Nous attendent-ils ? Allons-nous être à la hauteur ?

Nous mesurons à cet instant le poids des responsabilités tout en étant baignés par un indicible amour pour ces deux petits êtres là-bas, si dépendants de nous désormais…

 

Nous arrivons à Port au Prince à 18h30, heure locale, il fait déjà nuit dans les Caraïbes.

Nous avons du mal à réaliser ce que nous vivons, les enfants sont à quelques kilomètres de nous, sûrement endormis. Nous ne ressentons pas la fatigue, nous oublions les 8 heures de décalage horaire, une fois la douane passée nous entrons dans notre nouvelle vie , notre vie de papa et maman.

Sachant que les enfants sont couchés, à quelques pas de nous, juste derrière la grande clôture nous décidons de ne pas les réveiller et d’aller à leur rencontre que le lendemain matin.
Là nuit est longue, blanche et … chaude . Des chiens errants aboient au loin, la rue s’anime de voix et de chants créoles, nous ne rêvons pas, nous sommes à HAITI, et demain est le grand jour !

Le 19 Juillet 2008, 9 heures du matin, nous partons pour la crèche. C’est l’estomac noué que nous franchissons la petite porte rouge que Sophonie et Elysée ont franchie avant nous en Avril 2007. C’est chargé d’émotion, les larmes au bord des yeux que nous pénétrons dans l’univers de nos enfants. Une petite cour, des enfants partout, un mélange de cris, de pleurs, des enfants qui jouent entre eux, d’autres qui se précipitent sur nous pour des câlins, d’autres qui s’emblent errer, le regard vide. Notre coeur est gros, nous découvrons le cadre de vie de nos enfants. La petite balançoire bleue d’Elysée, le petit tourniquet … On nous appelle, la rencontre est imminente !!

La nounou nous conduit à l’étage, Sophonie est là, toute belle, toute petite, nous nous reconnaissons, mais elle a peur c’est sûr. Docile elle vient dans mes bras en murmurant un tout petit “Claudie”. Je lui fais un gros câlin, il ne faut pas que je pleure, il ne faut pas que je l’effraie, elle ne comprendrait pas.

Elle est là dans mes bras, elle ne m’enlace pas, mais ne me fuit pas. Je découvre son odeur, son grain de peau, le timbre de sa voix. Je suis sa maman, elle est ma fille c’est dès cet instant une certitude.

Nous lui donnons le petit sac à dos que nous lui avons acheté un sourire éclaire son joli visage, elle s’empresse de le mettre sur ses épaules et nous accompagne vers Elysée qui nous attend, sagement, assis sur sa petite chaise en compagnie de sa nounou. Il est tout propre, tout beau .Petit oiseau tombé de son nid, il nous regarde avec ses grands yeux, si expressifs.

Il n’a pas l’air de comprendre. Sophonie lui parle, Il vient dans nos bras, lui aussi peu rassuré.

Nous rentrons chez la logeuse, les enfants nous accompagnent, courageux petits bouts d’hommes, ils savent qu’ils vont passer leur première nuit avec nous .Si à cet instant la peur les a envahis, nous n’en avons rien su. Ils ne nous quittent pas. Nous observent, cherchent les câlins. Ils ont faim, ils ont soif, ils semblent épuisés par les privations, ils ont la diarrhée.

Il fait chaud, très chaud. Je suis malade, j’ai la migraine, je vomie, impossible de me lever. Pierre est de suite dans son rôle de papa, il change, lave, câline les enfants à tour de rôle, rassure Sophonie qui pleure. Je suis fière de lui.

Nous quittons Port au Prince le 22 Juillet 2008, demain nous serons chez nous…

Nous arrivons en famille à Paris Orly. Les regards sont bienveillants. Une douanière nous dit même être émue par les deux petits assis sagement sur la valise. Nous sommes tous les quatre épuisés. Il nous tarde de rentrer, mais il nous faudra attendre le lendemain. Notre correspondance pour Toulouse est annulée.

Nous prenons une chambre d’hôtel, et telle une famille ordinaire nous nous installons. Les petits sont fatigués et ont toujours la diarrhée. A tour de rôle nous les changeons, nous les passons sous la douche. Ils réussissent à s’endormir, le papa décide de prendre un bain réparateur et s’endort bruyamment dans l’eau. Les petits sont un peu agités dans leur sommeil, je ne dors pas, je veille sur ma tribu et je suis heureuse, épuisée mais heureuse.

Le lendemain nous sommes à Albi, la famille nous attend. La rencontre est un grand moment. Les petits sont surprenants. Ils ne semblent pas effrayés. Ils vont, ils viennent avec les uns avec les autres sans toutefois trop s’éloigner de nous.

Nous formons maintenant une vraie famille. Les enfants ont pris possession de leur chambre. Ils partagent la même pièce dans laquelle se trouvent deux lits superposés. Ils ne jouent pas avec les jeux que nous mettons à leur disposition. Ils cherchent en permanence notre présence, restent dans la même pièce que nous, nous suivent partout. Au moment de la préparation des repas l’angoisse les assaille. Ils restent là tout près, assis parfois à même le sol à attendre le moment de passer à table. Leur regard en dit long. Plus rien ne semble avoir d’importance, comme coupés du monde, ils attendent. Manger est leur priorité.

Le congé d’adoption nous permet de passer tout notre temps avec eux. Nous nous apprivoisons.

 

Nous sortons en famille, et au cour de nos balades, ils semblent tout découvrir. Ils ont peur de marcher dans l’herbe, ils ne connaissent pas la sensation du sable qui roule sous leurs pieds et ne veulent pas jouer avec. Ils découvrent les animaux, le chant des oiseaux. A l’extérieur ils ont du mal à s’orienter.

L’espace les rend anxieux. L’endormissement est difficile et les nuits sont agitées.

Les jours passent, ils parlent peu, mais un langage non verbal nous renvoie tout leur mal être, toutes leurs inquiétudes.

Je les regarde évoluer, ils ont des signes de vie encourageants : des ébauches de jeux, des rires entre eux, des câlins plus pressants…

Je suis malgré tout très inquiète. Je n’ose pas me l’avouer et encore moins en parler à mes proches qui ne comprendraient certainement pas; je n’éprouve rien pour mes petits.
La magie n’opère pas. Suis-je faite pour être mère ? Et si j’avais fais une erreur ? Je pensais avec naïveté que le seul fait d’être maman imposait, de facto, la naissance du fameux et si attendu lien affectif. Cruelle désillusion, et grande panique. La psychologue de l’ASE, d’une écoute bienveillante, me rassure.

Je ne suis pas un cas isolé. Je fais tout naturellement un “Baby Blues”.

Les jours, les mois ont passés. Tout est maintenant rentré dans l’ordre. Sophonie et Elysée sont scolarisés à l’école maternelle depuis le mois de septembre 2008. Ils ont tous deux rattrapés le niveau de leurs petits camarades. Sophonie passe en CP, et son frère en moyenne section. Ils ont une soif d’apprendre, sont très curieux et Sophonie fait preuve d’une étonnante maturité. A leur demande, ils vont pendant les petites vacances et les mercredis au centre de loisir. Ils ont gardé de leur année de crèche le goût pour la vie en collectivité. Ils ont l’un et l’autre une activité extrascolaire et ont ainsi leur vie sociale après avoir pris leurs repères au sein de leur nouvelle famille. Sophonie qui, dès le début, a été actrice de son adoption a rassuré et entraîné son petit frère vers sa nouvelle vie.

Ils dorment maintenant chacun dans leur chambre, les nuits sont paisibles, sans cauchemar agité.

L’appétit s’est stabilisé et ils ont découvert le plaisir de manger.

Les enfants grandissent au sens propre comme au sens figuré et bien que leurs rapports restent encore très fusionnels, une seine jalousie anime parfois bruyamment nos journées.

Notre projet a été dès le départ d’avoir deux enfants et onze mois après nous ne regrettons rien. La fratrie nous entraîne dans sa dynamique et à quel rythme !!!

Sophonie et Elysée rayonnent et chaque jour qui passe nous apporte sa dose de bonheur.

Nous nous repassons en mémoire, de temps en temps, juste par gourmandise, le film du chemin vers nos enfants. Les bons moments , les émotions ressurgissent, et viennent confirmer que au terme d’une procédure que l’on peu qualifier de courte et sereine, l’arrivée de nos petits est bien la plus belle chose qui ne nous soit jamais arrivée. »

Pierre et Claudie,

Adoption au Vietnam

Adoption d’un enfant de 6mois
Pays : Vietnam
Prénom :Valentin
Arrivé le : 13 février 2008

 

« Un mercredi après-midi de janvier 2008, nous recevons un appel téléphonique de l’Oeuvre de l’Adoption. Cette dernière nous demande d’être à Hanoi une semaine plus tard. Ca y est, l’heure de rejoindre notre petit garçon est enfin arrivée.
Nous savons depuis 4 mois qu’un petit bébé, né en août 2007, nous attend au nord du Vietnam.
Les derniers préparatifs se font dans l’effervescence et l’émotion. Comment va se passer notre rencontre ? Comment va être notre bébé (que nous n’avons pas vu du tout avant) ? Quelles vont être nos réactions respectives ? Comment vont se passer nos premiers jours de vie de famille là-bas au Vietnam ?
Bref, nos coeurs battent très fort en fermant nos valises. Nous allons, enfin, serrer dans nos bras ce petit enfant tant attendu.

 

La dernière nuit avant l’envol est très agitée. Au bouclage des ceintures dans l’avion nos cœurs sont oppressés en pensant que dans quelques heures nous allons être papa et maman.

Nous n’avons quasiment pas dormi, non plus, dans l’avion…et c’est déjà éprouvé par le manque de sommeil que nous posons les pieds sur le sol du Vietnam, le 31 janvier 2008.

Nous re-découvrons les abords de la ville, que nous connaissons déjà pour y être venus 9 ans plus tôt.

Il est 6 heures du matin, mais c’est déjà l’animation matinale orientale. Les paysans en vélo côtoient les motos des travailleurs, les bus de transports en commun…la vie trépidante d’Hanoï se rappelle à notre bon souvenir !
Les Klaxons de tous les véhicules nous replongent dans l’ambiance.

Le taxi nous emmène vers notre pension, nous avons les yeux grands ouverts, nous nous imprégnons des images, des odeurs, des sons : tous nos sens sont à l’affût.

Notre installation se fait au coeur d’Hanoï. Notre correspondante locale nous informe du déroulement de la journée du lendemain.
La « remise officielle » de notre enfant aura lieu le 1er février !

Nous sommes émus en préparant les affaires à emporter, le lendemain, à l’orphelinat.
Nous sommes en train de prendre de nouvelles responsabilités…cette nouvelle nuit de sommeil est, encore, agitée…et c’est, déjà, les yeux cernés que nous nous levons à 5 heures du matin pour rejoindre l’orphelinat de Hoa Binh à 70 kms au nord d’Hanoï.
La route se fait sous la pluie, c’est chaotique et long, ça dure 2 bonnes heures…c’est long et c’est court de penser que dans quelques minutes, notre bébé sera bientôt dans nos bras. Nos coeurs battent très fort à l’approche des lieux.

Le minibus ralentit et marque un temps d’arrêt devant l’orphelinat, nos jambes tremblent, nos coeurs battent de plus en plus… nous descendons fébriles et impatients.

Nous nous dirigeons au milieu d’un jardin calme vers les chambres. On nous fait entrer dans une pièce où s’alignent des lits, où se trouvent des enfants, et des nounous. Puis une dame nous appelle et nous montre notre enfant : il se prénomme alors SY.
L’émotion est à son comble, nos yeux se remplissent de larmes. On nous remet notre bébé. Nous le serrons très fort contre nous.
Nous ne le quittons pas des yeux, nous lui parlons et le prénommons Valentin-SY.

 

Voilà comment nous sommes devenus parents en un instant inoubliable…
Bébé est emmailloté dans une couverture, il fait très froid ce matin du 1er février à Hoa Binh.
I
l a un bonnet jaune, des chaussettes en guise de gants. Il nous regarde, ne comprend pas notre langage, écoute sa nounou, TAM, qui lui parle en vietnamien. TAM a le regard triste, elle sait que nous venons lui « enlever » la garde de ce petit dont elle s’occupe depuis plus de 5 mois.
On nous offre deux doudous pour Valentin, on nous donne sa sucette et son bonnet. On nous laisse partager la vie de l’orphelinat le temps de  la matinée : soins portés aux enfants (repas, change, éveil). On nous permet de nous occuper de Valentin, nous le changeons, nous l’habillons bien chaudement. Quel affairement autour de notre petit bébé. La communication avec les nounous est, malheureusement, limitée par la barrière de la langue, mais on comprend l’essentiel ! Le sourire asiatique est de rigueur.
Les nounous sont charmantes. On constate que l’on prodigue de bons soins à tous les enfants, qu’on les prend beaucoup dans les bras. Les enfants ne sont pas malheureux à l’orphelinat. Ils sont en bonne santé. Tout cela est rassurant pour nous, nouveaux parents.

Puis l’heure de partir de l’orphelinat est arrivée. Notre accompagnatrice vient nous chercher. Nous prenons Valentin dans nos bras, et nous saluons toutes les nounous et, en particulier, Tam. Nous avons du mal à quitter son regard. Nos yeux lui disent merci, et adieu.

Le chauffeur nous amène à la mairie de Hoa Binh, où les autorités vietnamiennes nous attendent.

La cérémonie officielle de remise de l’enfant doit avoir lieu à14h.
Elle n’a duré qu’une heure, mais que d’émotions. Il fallait prononcer un discours. Je n’avais rien préparé et j’ai laissé parler mon coeur. Je n’ai pu retenir mes sanglots durant ce moment inoubliable qui changeait notre vie à jamais. Je ne savais pas comment cela serait perçu par l’auditoire, et j’avais quelques craintes mais je ne pouvais faire autrement.

La cérémonie terminée, nous reprenons la route vers Hanoï.

L’heure tourne, Valentin commence à pleurer. Il a faim. Et voilà le premier biberon dans les bras de sa maman. Cette image, avec en fond, les paysages du Vietnam qui défilent, restera longtemps gravée dans mon esprit. Le ventre rempli, Bébé s’endort. Même le vacarme de Hanoï ne le réveille pas. Le taxi nous dépose devant la pension. Nous sommes de retour dans notre chambre, après une journée inoubliable, mais à 3.

Notre première soirée en famille fût entièrement passée autour de ce petit être, notre fils. Il a bu son biberon sans difficulté, puis le sommeil arriva. Mais bébé ne voulait pas se laisser aller … il luttait, luttait et pleurait, hurlait. Après plusieurs minutes dans les bras de Maman, il finît par s’endormir.

Juste le temps, pour nous les parents, de manger un petit bout sur le coin d’une table … et des hurlements nous sortent du calme qui baignait notre chambre depuis quelques instants. A nouveau les bras de Maman, mais bébé ne veut plus s’endormir. Papa prend la relève, tourne et tourne dans la pièce avec Valentin dans les bras. Le seul mouvement qui semble l’apaiser est de l’agiter assez énergiquement de bas en haut. Il ne dit plus rien. Il finit par partir dans les bras de Morphée au bout d’une heure de travail …

Mais pas pour longtemps. Rebelote. Et la première nuit passa ainsi. Notre première nuit blanche, après des nuits courtes.

Le lendemain nous retrouvons d’autres couples de la pension, qui eux, n’ont pas si mal dormi que cela.

Nous échangeons autour de notre première soirée, de notre première nuit.

Nous planons tous dans le bonheur, malgré la fatigue.

Mais l’administratif nous ramène à la réalité. Il nous faut maintenant déposer les dossiers de demande de passeport. Les papas sont chargés de s’occuper de cela avec la correspondante de l’OAA.

Pendant ce temps, les mamans gèrent au mieux les premiers instants de vie avec bébé. Après le retour des démarches administratives, nous nous autorisons une sortie en ville, avec Valentin dans le porte-bébé. Valentin est blotti tout contre nous, nous le sentons, nous le touchons : ça y est, il est là et bien là avec nous. Nos longues promenades permettent à Valentin de dormir, car il dort aussi peu en journée que de nuit ! Par contre dès qu’on le berce dans nos bras ou dans le porte bébé : aucun problème, il dort. Nous déambulons dans les rues de Hanoï. C’est l’effervescence, car la fête du nouvel an vietnamien approche. La ville est ornée de couleurs, la musique résonne. Pour la première fois, nous allons manger au restaurant avec bébé. C’est épique, parfois. Nous demandons de l’eau bouillie pour faire le biberon, nous changeons bébé sur les chaises en bois : l’éducation de Valentin commence « à la dure » !…à la vietnamienne, déjà qu’il dormait sur des lattes à son orphelinat, maintenant, on le change dans des postures assez instables !

Quand Valentin est éveillé, durant les promenades, il ouvre de grands yeux sous son bonnet, il regarde tout autour de lui, écoute tous les bruits. Nous sommes très fiers de nous promener avec notre bébé. Nous ouvrons d’aussi grands yeux que lui, mais pour l’admirer ! Nous sommes très émus tout au long des journées passées avec lui. Quand il dort, même si c’est de très courte durée, nous le regardons et nous avons vite les larmes aux yeux. Durant tout notre séjour au Vietnam, nos coeurs auront été submergés par l’émotion permanente de cette immense joie d’être, enfin, parents.

Nous sommes « aux anges » quand Valentin nous sourit, et il est très souriant, d’ailleurs. Il nous a souri dès le lendemain de notre rencontre. Outre nos émotions, nous sommes pris par ce nouveau rythme de vie, calqué sur le rythme d’un bébé de 5 mois et demi qui mange toutes les 4 heures, qui dort très peu, bref : c’est l’apprentissage de la vie de nouveaux parents ! Le manque de sommeil commence à se faire ressentir, les traits sont tirés…nous nous sentons, parfois, désarmés, quand nous n’arrivons pas à endormir Valentin qui lutte toujours contre le sommeil….pour finir par se calmer et sombrer d’épuisement dans les bras de l’un de nous deux ! Le plus difficile, même si nous nous sentons bien à Hanoï, est que nous n’avons pas nos repères quotidiens habituels. Nous avons hâte de rentrer chez nous, dans notre milieu pour prendre nos nouveaux repères avec Valentin dans ce qui construira désormais notre quotidien à trois.

Après avoir obtenu les sésames pour le retour vers la France, nous expliquons à Valentin que nous allons faire un grand voyage. Nous commençons à boucler nos valises sous son regard un peu perdu.

Il comprend très bien qu’il se passe quelque chose. Nous lui parlons beaucoup pour le rassurer.

Du fond de son regard sombre, il nous observe, il commence à nous aimer. Il commence à avoir confiance en nous. C’est avec des sentiments confus que nous faisons une dernière balade autour du Lac près de notre pension. Nous sommes soulagés et heureux de rentrer chez nous ; mais tristes d’arracher Valentin à son pays natal.

Le taxi nous emmène de nuit vers l’aéroport. Bébé, tranquillisé, s’endort dans les bras de maman.

Nous nous regardons : c’est difficile d’exprimer comme nous sommes heureux et troublés à la fois.

Nous sommes sûr de rentrer avec Valentin, quand nous avons franchi la douane à l’aéroport. Nous montons en priorité dans l’avion (un de nos nouveaux privilèges …).

Nous nous tenons la main. Et ça y est : c’est le décollage vers notre nouvelle vie à trois en France.

Nos mains, et nos gorges, se serrent. Valentin dort. Il ne sait pas ce qui est en train de se passer.

Le vol est tranquille pour Valentin. Le vol dure 14 heures durant lesquelles, nous adultes, dormons très peu, voire pas du tout, trop affairés à assurer le bien être de notre enfant.

Nous sommes le jeudi 13 février 2008 : la veille de la saint Valentin, et nous atterrissons en France avec notre bébé.

Nous sommes très fatigués. Bébé va très bien, il ouvre, encore, de grands yeux dans cet aérogare.

Nous allons le changer, lui donner son biberon. Son rythme ne semble pas perturber du tout ! Nous sommes plus éprouvés que lui, apparemment, par ce long retour sans sommeil ! Puis nouveau décollage final, cette fois vers la maison…l’envol a été bruyant, car Valentin refusait d’être attaché ! Il a hurlé durant tout le décollage ! La fatigue commençait probablement à se faire sentir.

A l’arrivée, nos parents nous attendaient, mon frère et sa famille, et nos amis de l’EFA : tous ceux qui avaient pu se déplacer pour cette occasion. Les êtres les plus chers qui nous avaient accompagnés jusqu’à Valentin, étaient tous là. L’accueil fut rempli d’émotions. Ces retrouvailles avec nos proches, cette rencontre avec notre enfant : les premiers moments vécus comme une naissance, la découverte d’un nouvel enfant bienvenu dans sa famille.

Un mois auparavant, nous étions là pour accueillir Yaël ; et ce 13 février, c’est Yaël qui accueille Valentin.

Plus que quelques dizaines de kilomètres et Valentin serait chez nous, chez lui, dans la chambre que nous lui avions préparée avec tant d’attentions et d’amour.

Ca y est, nous y sommes. Nous ouvrons la porte et nous entrons avec Valentin dans les bras.

Quel bonheur ! De courte durée, car c’est déjà l’heure du biberon !

Les 15 jours qui me séparaient de la reprise du travail ont été bien remplis.

Les journées défilaient …biberons, couches, « berçage », lavage, rangement des valises, démarches administratives.

Les nuits étaient courtes, hachées. Les réveils brutaux.

La première semaine, je me suis même demandé comment Nancy allait faire toute seule. Nous arrivions tout juste à nous en sortir à deux. Nous étions fatigués. Mais dans quelle galère, nous nous étions mis !

Puis, au bout d’une dizaine de jours, nous avons trouvé notre rythme. Nous profitions plus des journées avec notre enfant. Le Soleil était de la partie, de manière assez exceptionnelle pour la saison.  La vie était belle … surtout le Jour.

A la reprise de mon travail, nous étions prêts, les yeux cernés, mais heureux ! « 

 

Nancy et Eric

Adoption au Congo

Adoption d’un enfant de 3 ans
Pays : Congo
Prénom :Yaël
Arrivé le : xx xxx 2008

 

« Nous avons obtenus notre agrément en février 2006, nos démarches d’adoption étaient tournées vers le continent africain et notamment le Mali et le Congo Brazzaville.

Notre dossier pour le Congo est parti par DHL une semaine après avoir reçu l’agrément.
Celui que nous avons envoyé au Mali est parti 1 mois plus tard. Le dossier étant plus long à finaliser.

En juillet 2006 nous apprenons par courrier que notre dossier est accepté au Congo Brazzaville. Notre coeur est déjà là-bas…

En février 2007 nous apprenons que notre dossier qui est au Mali est accepté.
Gros dilemme, où allons nous adopter ?

Deux jours après nous avons la réponse, le Congo nous appelle pour nous attribuer un petit garçon qui a alors 2 ans.
Nous lui donnons par téléphone le prénom de notre choix : YAËL.
Nous explosons notre forfait de téléphone portable pour appeler nos amis proches et nos familles.
Ce jour-là, il pleuvait, nous étions sur l’autoroute, le téléphone a sonné et j’ai entendu «Congo» au loin. Le temps s’est arrêté et nous avons su que nous allions être enfin parents.
Vous le croirez ou non, mais après cette nouvelle, un arc-en-ciel est apparu dans le ciel.
Notre joie était immense.

Nous rappelons alors le Mali pour retirer notre dossier.

Commence alors pour nous une attente longue, rythmée par :
– les photos de notre fils,
– quelques coups de fil passés aux soeurs de l’orphelinat,
– les relations que nous développons avec les autres parents qui attendent de partir au Congo comme nous, en tout 7 familles,
– la fermeture du Congo le 1er novembre 2007 suite à l’affaire de l’arche de Zoé (nous avons appris cela un matin à la radio, la MAI n’était pas au courant),
– le soutien de l’Ambassadeur français au Congo,
– l’annonce de notre départ mi-décembre 2008,
– les changements de dates de départ à 3 reprises,
– les préparatifs des colis humanitaires que nous avons transportés avec nous à l’orphelinat.

Nous sommes partis le 18 janvier 2008 en compagnie d’une maman qui partait seule laissant son mari et sa fille pour aller chercher le second.

A l’arrivée à l’aéroport la soeur qui nous accueille nous dit que les enfants dorment et que nous ne les verrons que le lendemain matin. Nous négocions (surtout les mamans!) pour voir nos enfants mêmes endormis.
A notre grande joie en arrivant on nous annonce que nous allons les rencontrer.
Notre fils arrive perdu, sans sourire mais les yeux grands ouverts.
Nous ne le verrons que quelques minutes. Juste le temps pour nous de lui donner un gâteau et un ours en peluche. Il faudra attendre une nuit pour enfin ne plus le quitter.

Le lendemain nous le retrouvons juste avant le petit déjeuner, il vient dans nos bras sans réticences et sans pleurs.

Nous passons la journée à nous apprivoiser mutuellement. Le contact se fait par l’intermédiaire des repas et du jeu. Pendant deux jours tout se passe relativement bien.

A partir du 3ème jour Yaël réagit, il pleure beaucoup et s’accroche à moi. Il ne veut plus dormir dans son lit. Il est collé à moi, scotché comme de la colle glue. Il lutte pour ne pas dormir.
Nous essayons de mettre le matelas par terre, de dormir à côté de lui. Mais dès que nous nous éloignons un peu il se réveille et pleure pour que nous restions.
C’est difficile mais il est en train de s’attacher à nous. Il recherche le contact physique. Il est scotché à moi.

Le dernier jour cela va mieux, comme s’il sentait le départ.

Il laisse l’orphelinat sans aucune crainte. Il est ravi de porter de nouveaux vêtements.
Le voyage se passe très bien il dort.

Arrivés à Paris, il ne veut pas marcher je le porte pendant tout le transfert pour rejoindre notre avion pour Blagnac.
Nous sommes soulagés nous marchons à nouveau sur le sol Français et cette fois avec notre fils.
Arrivée à Toulouse, nous sommes attendus par nos proches et nos amis.
Grand soulagement, enfin presque chez nous ! Une autre vie va pouvoir commencer.

Dans les heures qui suivent notre retour chez nous, nous allons être plongés dans notre rôle de parents. Yaël a de la fièvre et des boutons sur le corps, nous sommes obligés de filer aux urgences (pas de docteur ce jour là).

C’est un moment un peu perturbant pour nous trois nous sommes épuisés. Yaël pleure, nous attendons le diagnostic. Cela ne sera que la varicelle.

De retour à la maison Yaël visite et découvre son nouvel environnement, il est chez lui !!
IL s’adapte facilement malgré quelques nuits agitées.

Aujourd’hui Yaël à 4 ans s’est un petit garçon avec un caractère bien trempé, très souriant, très épanouit et très affectueux.  Sa maîtresse nous dit « qu’il est la joie de vivre incarnée » et c’est bien vrai.
Il a une capacité d’adaptation impressionnante.

Nous parlons parfois de son adoption sans pour autant en faire trop. Nous répondons à ses questions quand il en pose. Il regarde les photos, rencontre d’autres enfants adoptés au Congo ou d’ailleurs.  Il est adopté, oui c’est vrai, mais il a sa vie de petit garçon à vivre et c’est ce qu’il fait !

Quant à nous, ce parcours vers notre fils nous a permit de voir la vie autrement. »

Olivier et Frédérique